Conférence organisée par Humacoop, Médecins du Monde et IDEES, le 9 février 2010, à la Maison du Tourisme, à Grenoble.
Intervenants : Pierre Micheletti, Djamel Misraoui, Lynne Franjié / Modérateur : Amélie Artis
Alors que le mouvement du « sans frontiérisme » a permis une réelle explosion des acteurs de la solidarité internationale, les critiques à l’encontre du mouvement humanitaire semblent aujourd’hui remettre en cause sa légitimité
Pourquoi la démarche humanitaire, fondée sur l’entraide internationale et le secours aux populations, rencontre-t-elle autant de méfiance, d’hostilité et de violence ? Pourquoi l’aide humanitaire fait-elle face à un rejet grandissant de la part des populations ? Comment la symbolique humanitaire, forte et positive, s’est-elle dégradée, aboutissant aujourd’hui à une restriction des espaces d’intervention dans le monde, à une perte croissante d’immunité et à la permanence de préoccupations sécuritaires ? Des relations ambiguës avec les médias à une instrumentalisation à des fins géopolitiques et une confusion des genres et des rôles constituent autant de critiques qui viennent aujourd’hui ternir l’image de l’humanitaire.
Les acteurs humanitaires souvent mis sur le devant de la scène pour expliquer les crises secouant certains pays du Sud sont de plus en plus considérés comme les représentants de l’Occident : à force de parler pour et à l’Occident, leur allégeance aux valeurs véhiculées par le Nord semble évidente. Ce positionnement renforce leur perception comme membres d’un camp idéologique dont les intérêts politiques, économiques et culturels sont un des enjeux des principaux conflits actuels. Leur travail auprès de certaines populations s’en trouve affecté et leur présence ne suscite pas toujours des réactions bienveillantes.
Faut-il alors repenser l’humanitaire ?